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Gérer ensemble le territoire : une étude de l'IEFC sur la gestion durable des forêts

08/03/2004
Dans le cadre d'un appel d'offre de la Fondation de France, l'Institut européen de la forêt cultivée (IEFC - basé à Pierroton sur le site de recherches forêt-bois) a réalisé en 2003 une étude portant sur la gestion durable des forêts, intitulée "Gérer ensemble le territoire".
Cette étude prend place dans une large réflexion sur les critères d'évaluation de la gestion forestière et sur l'élaboration d'indicateurs nationaux de gestion durable. L'IEFC travaille en effet en partenariat, depuis février 2001, avec l'Observatoire des forêts d'Aquitaine, dont le but est de compléter cette évaluation en prenant en compte les spécificités locales, à l'échelle de la petite région forestière (voir article Mediaforest). L'objectif de l'étude 2003 était, pour l'IEFC, de vérifier si dans le cadre de la démarche de définition des indicateurs de gestion durable, tous les usages et toutes les perceptions de la forêt avaient bien été pris en compte. Quant aux participants, c'était pour eux l'occasion de discuter sur le concept de gestion durable des forêts, d'illustrer les mutations en cours et de contribuer à désamorcer les conflits d'usage.

Le projet a consisté en une série de manifestations au sein de structures relais habituées à travailler avec le public cible. Ces manifestations se sont articulées autour de discussions sur la gestion forestière, précédées de visites sur le terrain, afin d'assurer un fondement concret aux discussions.

Six ateliers se sont ainsi déroulés, en Gironde et dans les Landes, de mars à octobre 2003 :
- Atelier gestion et aménagement concerté de l’espace agriculture forêt, à Pissos,
- Atelier gestion forestière et diversité biologique, à Pontenx-les-Forges,
- Atelier Randonneurs et gestion forestière durable, à Commensacq,
- Atelier VTTistes, au Teich,
- Atelier collectivités publiques et aménagement durable des forêts, à Mimizan,
- Atelier scolaire : sensibilisation à la forêt et ses acteurs, à Mont de Marsan.

L'atelier qui s'est déroulé à Mimizan en juin 2003 portait plus précisément sur le rôle des collectivités publiques dans l'aménagement durable des forêts.
Après une visite du site de production de Mimizan de l'entreprise FP Bois (sciage et rabotage de pins maritimes et de bois feuillus) et la visite d'un peuplement forestier sur la commune, la présentation des aménagements d'un sentier pédestre sur la commune de Bias a soulevé la problématique de l'accueil du public en forêt privée. En préliminaire des discussions, il a été rappelé l’importance de mettre en œuvre des actions de communication auprès d’un large public pour développer une culture de la forêt cultivée. Puis le débat a porté sur la protection des forêts contre l'incendie, sur l'alternative multifonctionnalité ou zonage des espaces forestiers et enfin sur l'aménagement concerté des forêts à l'échelle de l'espace rural.

Par ailleurs une enquête, réalisée en juin et juillet 2003 dans le cadre de l'étude, a été menée dans les deux départements afin de mesurer la perception et les attentes de la société envers les forêts d'Aquitaine. Une centaine de personnes, utilisateurs de la forêt, ont pu être intérrogées.
L’enquête révèle que dans l’ensemble, la forêt évoque la nature, le calme, la liberté, l’oxygène et les animaux ; ses fonctions citées sont surtout la production de bois, l’équilibre écologique et l’abri pour les animaux (avec des tendances diverses selon qu'il s'agisse d'élus et d'agriculteurs, ou bien de randonneurs).
Une large majorité des personnes interrogées (86%) disent que la forêt de leur petite région répond à leurs attentes. Les raisons qu’elles évoquent sont la « présence de nombreux chemins aménagés », que la forêt et plus particulièrement ces chemins sont « bien entretenus », et qu’« on peut s’y rendre à pied ». De plus, comme le montrent bien les mots et fonctions qu’évoque pour elles la forêt, celle-ci est considérée comme un lieu naturel et de tranquillité qui convient bien aux activités des personnes interrogées.
Les 8% non satisfaites par leur forêt évoquent un manque de diversité (domination du pin maritime) et d’entretien surtout suite à la tempête de 1999 dont résulte, selon les enquêtés, un abandon d’un certain nombre de parcelles.

A la question « êtes-vous satisfait de la façon dont on s’occupe des forêts en Aquitaine ? », 66% des réponses sont positives. Les raisons sont là encore le bon entretien et la bonne gestion de la forêt mais aussi sa grande richesse et l’efficacité de la DFCI (Défense de la Forêt Contre l’Incendie).
Les personnes interrogées sont pour la plupart conscientes du fort risque d’incendie en forêt aquitaine - il s’agit de la menace la plus fréquemment citée - mais aussi de la menace des maladies et des chenilles processionnaires ainsi que des dégâts occasionnés par la tempête - tous ont encore à l’esprit celle de décembre 1999. L’urbanisation et le déboisement sont uniquement cités par les randonneurs et les VTTistes.
Une question portait sur la connaissance de sigles relatifs à la forêt : sans grande surprise, l’ONF et l’INRA sont bien connus du public, de même que Natura 2000. Par contre les sigles PEFC (Pan European Forest Certification) et FSC (Forest Stewardship Council) relatifs à la certification forestière ont été très peu cités, preuve que cette certification relative à la gestion durable est encore très peu connue.
Quarante-trois personnes se sont exprimées sur la question de la définition de la gestion durable des forêts. Beaucoup semblent avoir à l’esprit que la gestion durable concerne les générations futures, mais beaucoup pensent qu’il s’agit uniquement de replanter après les coupes, de respecter l’environnement, la nature, l’équilibre naturel, d’entretenir les forêts. La gestion durable reste donc une notion mal définie pour le grand public car peu d’information est faite autour de ce concept. Les réponses sont plus précises pour ceux qui ont une formation forestière : 2 personnes sur 10 ont donné la définition exacte de la gestion durable, les autres semblent en avoir une idée assez bonne, alors que parmi ceux qui n'ont pas de formation, la plupart évoquent uniquement le besoin de pérenniser les cultures et les ressources.

Au terme de l'étude, l'IEFC présente un bilan positif : l'ensemble des manifestations organisées a permis de faire avancer la recherche sur les attentes des acteurs forestiers. Par ailleurs le fait d’avoir un espace de débat neutre, sans enjeux directs a été apprécié. Il a permis d'aborder au cours de la concertation des sujets aussi pointus que la biodiversité ou la gestion hydraulique, et de voir participer des représentants des chasseurs et de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) ou des agriculteurs à un débat contradictoire dépassionné, tempéré par des intervenants scientifiques. Enfin l'objectif d'information, notamment auprès des scolaires, du grand public et des élus, à lui aussi été réussi d'après les retours obtenus.
Le rôle de l'IEFC, qui n'a pas vocation à organiser la concertation, a été, tout au long de l'étude, celui d'un catalyseur, permettant de faire émerger des sujets importants pour l’avenir forestier (dissolution des thématiques forestières, assèchement de la lande, risque de spécialisation des espaces, etc.), et d'identifier les pistes et les structures idoines pour la résolution de ces questions.
Au cours de ces mois de travail, l'Institut a pu constater que, si la demande de concertation et d’information est forte au niveau des institutions, à l'inverse les individus se sentent peu concernés par le débat sur la gestion durable des forêts. Globalement, les gens ne se posent que très peu de questions sur les forêts, qu’ils considèrent comme un élément immuable du paysage. Ils ne réagissent qu’à des évènements de proximité (forêt usagère, chablis dans le jardin...) ou à des catastrophes (incendies, tempêtes), mais ne considèrent pas que derrière la forêt des hommes travaillent. Quand ils le découvrent, et qu'ils prennent conscience de l'ampleur des problématiques suscités, cela soulève leur intérêt : ce qui prouve qu’il faut poursuivre ce type d’initiatives, pour parvenir à gérer ensemble le territoire.


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