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Canicule 2003 : des effets complexes et hétérogènes sur la forêt

03/02/2006
Le laboratoire Ecofor (Ecosystèmes forestiers) vient de produire une expertise collective éloquente sur les effets de la canicule de 2003. "La forêt a connu, à l'été 2003, sa plus forte baisse de productivité en cent ans", conclut notamment le chercheur Nicolas Viovy. D’après les indicateurs, la photosynthèse a fortement baissé et la respiration aussi (perte de stockage du carbone).
Selon les données du département de la santé des forêts (DSF), toutes les espèces ont connu un pic de mortalité sans précédent en 2004. Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle n’est toujours pas revenue à la normale en 2005. "L'accumulation de stress climatique depuis 2003 est très préjudiciable à l'état sanitaire global des forêts", pouvait-on lire dans le bulletin de décembre 2005 du DSF.
La situation reste cependant très hétérogène selon la géographie et l’essence concernées : ainsi le phénomène a-t-il surtout sévi au sud d'une diagonale Bordeaux-Strasbourg, s’attaquant plutôt aux feuillus qu’aux résineux. La physiologiste Nathalie Breda explique d’ailleurs que ces observations sont paradoxales comparées aux stratégies très différentes des deux types d'arbres. Les résineux sont en effet connus pour avoir une forte respiration et pousser sur des sols moins accueillants en cas de sécheresse, car plus acides et moins riches. Les feuillus eux savent fermer leurs stomates, ces pores des feuilles qui limitent la respiration et la transpiration, donc la perte d'eau. Ils se protègent aussi des embolies, accident vasculaire durant lequel des bulles d'air viennent obstruer les vaisseaux et les tissus qui transportent l'eau des racines vers les parties aériennes.
Il semblerait par contre qu'à court et moyen terme l'année 2003 ait été plutôt positive pour certaines espèces d’insectes à fort pouvoir de reproduction. Le constat est net sur les papillons et les coléoptères. Les organismes vivant du bois mort ont de leur côté tiré parti de la chute des branches. Néanmoins, on n’a pas noté de dégâts phytosanitaires de grande ampleur (dus à des maladies ou des prédateurs). Les insectes ravageurs ont certes profité de la chaleur pour se développer. Pourtant, le bilan est compliqué car les chercheurs ont noté que le climat a perturbé le vol de ces insectes. La terrible chenille processionnaire du pin a connu une hausse de mortalité bénéfique pour ses "proies". De même, l'affaiblissement des mécanismes de défense des arbres a été compensé par la réduction des champignons en période de sécheresse.
Devant la complexité de ces phénomènes, les scientifiques rappellent la difficulté à prédire l'effet futur du réchauffement climatique. A la différence de la plupart des plantes et des plantations, l'arbre a en effet pour le chercheur un statut à part : il s'inscrit dans la durée.

Le GIP ECOFOR est un Groupement d'Intérêt Public qui a été créé en 1993 et a pour objet d'animer des programmes de recherche sur les écosystèmes forestiers et leur gestion ; il regroupe neuf organismes scientifiques, techniques ou professionnels : le Cemagref, le CIRAD, le CNRS, le CNPPF, l'ENGREF, l'IFN, l'INRA, l'IRD et l'ONF.

Pour plus d'informations : http://www.gip-ecofor.org/ecofor/publi/page.php?id=1735 (Lien externe)


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